| PLANS D’EAU
PRIVES : TOUT POUR Y REUSSIRSigné Blackbas
Parallèlement au fort engouement pour la pêche de la carpe, s’est développé un phénomène d’expansion des centres de pêche privés à but lucratif. Cinq étoiles ou volontairement maintenus sauvages, ces sites de pêche ont plusieurs raisons de pérennité. L’échec du mouvement carpiste vers la généralisation de la pêche de nuit en est une. Le confort, la densité des cheptels, mais surtout la sécurité en sont d’autres. Sujets à de nombreuses polémiques quant à une certaine éthique de pêche, de gestion, ou à une vision très rigide de notre passion, ces plans d’eau sont souvent associés à une classe de carpistes visant une pêche très facile et dévalorisante sur un curriculum vitae. Je suis loin de partager ce point de vu et je ne cracherai pas dans la soupe. J’ai moi-même mis au sec mes premiers mammouths sur ces berges et je prends encore beaucoup de plaisir à les fréquenter. J’en calmerai de suite certains en précisant qu’il existe des plans d’eau privés même très empoissonnés ou chaque poisson est une victoire et où j’ai vu quelques éléments d’une certaine élite carpiste se vautrer littéralement. En ce qui me concerne, j’y ai beaucoup appris, et au début, quelques capots m’ont laissé très perplexe.
Bien sur, il y a des dérives de la part de certains propriétaires mais c’est un autre sujet. Je préfère vous faire partager mon approche personnelle d’une session dans ces eaux, du choix d’une destination jusqu’aux détails techniques et stratégiques les plus importants selon moi pour y cartonner.
Pour avoir une base de réflexion fiable je parlerai d’une session type d’une semaine sur un poste qu’il faut réserver à l’avance et où la réglementation autorise la navigation et l’emploi de tout ce qui peut être à la portée d’un carpiste en terme de matériel et d’appâts.
TOUTE UNE PRÉPARATION.
Mes deux ou trois premières sessions en plan d’eau privés ne furent pas spécialement des réussites.
Fort de mes excellents résultats dans les gravières de ma région je partais un peu trop sur de moi avec comme seuls bagages ma naïveté et des certitudes qui n’avaient de valeur que là où je passait mes week-end. Apres une grosse remise en question, je décidais que plus jamais je ne planifierai de session sur un lac privé sans m’y préparer. Il devenait intolérable pour moi de ne pas rentabiliser les sommes importantes qu’il fallait investir pour y réserver un poste.
Tout un protocole de préparation s’imposait dans ma tête.
Le choix d’une destination.
Les sites de pêches privés fleurissent sur le net comme dans la presse spécialisée. Faire un choix n’est donc pas facile. Il est important d’indexer son choix au calendrier climatique et aux dates auxquelles vous compter partir. Exemple : partir en mars dans le nord- est à mon sens un trop gros risque qui vous mènerai au capot. Si vous pouvez choisir vos congés préférez des périodes plus clémentes, l’idéal étant d’avoir laissé passé la fraie. Sinon optez pour une destination aux influences océaniques ou méditerranéennes. Le must est de partir, et ce quelque soit la destination, en automne. Cela vous garantira avec certitude une activité alimentaire soutenue des poissons et vous permettra de les toucher à des poids plus lourds. Profitez de la primeur des nouveaux plans d’eau qui s’ouvrent à la pêche et où le comportement des carpes n’est pas encore affecté par la terrible pression de pêche qui caractérise le privé.
Pour choisir un plan d’eau servez –vous de tous les outils que l’on vous met à disposition. Visitez les sites Internet pour accéder aux plans, topographies, galeries photos et règlements en vigueur. Passez du temps au téléphone avec les propriétaires, ils sont une bible de renseignements importants et une vigie de ce qu’il se passe en temps réel. C’est dans leur intérêt de vous donner des renseignements fiables. Si certaines de vos connaissances fréquentent ce plan d’eau, il est toujours bon de connaître ce qui a fait leur succès ou leurs déboires (à prendre avec des pincettes, certains ne se gêneront pas pour vous induire en erreur de peur que vous fassiez mieux qu’eux !). Cela vous aidera aussi pour vous décider et pourra vous rassurer quand aux prestations offertes.
N’oubliez pas de vous mettre au parfum sur le cheptel des différentes espèces de poissons présentes. Composer avec des nuisibles n’est pas toujours simple.
Enfin, il peut être intéressant de caler sa session pendant de grandes manifestations sportives. Pendant la coupe du monde de foot 2006 je me suis retrouvé seul avec 24 hectares devant moi pendant 5 jours…quel pied !
Le choix d’un poste.
Vous avez décidez d’une destination, le choix d’un poste s’impose à l’avance la plupart du temps. C’est à ce moment là que les doutes s’installent. Là aussi, l’avis des proprios est intéressant. Ils ont le recul des années précédentes et vous aiguilleront selon les dates que vous avez choisies. S’il faut tenir compte des infos extérieures, ne mettez pas de coté pour autant votre instinct. Refaites un point sur les infos déjà collectées. Tenez également compte des vents dominants qui balaient le plan d’eau.
Prenez un poste qui vous permet le plus grand champs d’action, qui vous garanti une certaine quiétude de pêche pour ne pas être gêné par celle de vos voisins directs.
Si vous partez en binôme, il est toujours de bon augure de réserver deux postes successifs formant un angle ou une baie. Pêchez à deux sur le même poste et vous pourrez exploiter toute la bordure de l’autre poste. Sur certains plans d’eau, cela vous offrira plusieurs dizaines de mètres de quiétude en plus de la pleine eau.
Voilà, vous avez fait votre choix, il n’y a plus qu’à attendre le jour J. Cependant si vous avez réservé longtemps à l’avance n’hésitez pas à prendre des nouvelles une fois par semaine ou par quinzaine sur les résultats enregistrés sur votre futur poste. Il n’est jamais trop tard pour en changer si vous ne le sentez plus et que les proprios veulent bien y consentir. Pêcher en toute confiance est aussi important que tout le reste.
Selon le règlement intérieur, emmenez tout ce que vous pourrez en matériel pour faire face à toutes les situations possibles (bateau, écho, radiocommandé…) et puisque de toute façon vous allez vous poser pour une semaine rien ne sert d’être minimaliste sur la logistique (dans les limites du raisonnable).
La question cruciale des appâts : que dois-je emmener ?
C’est certainement la préoccupation majeure dans la tête de beaucoup de pêcheurs qui partent en session dans un lieu qu’ils n’ont jamais pêché. A cette question, je n’ai qu’une réponse. Ne mettez pas tous vos œufs dans le même panier. Pour moi, il n’y a pas d’appât miracle et quand bien même il serait fabuleux, la réussite réside davantage dans la manière de l’utiliser. Je m’en suis donné la preuve le jour ou j’ai piqué plusieurs carpes avec un mégot de clope placé dans un sac soluble rempli de micro pellet !
Quoiqu’il en soit, pour des sessions de ce type je pars toujours avec 175 kilos de pellets extrudés 15mm, 20 kilos de billes en différents diamètres, et 25 kilos de farine carpe très collante.
Ajoutez à cela mes pop up fluo roses Squid/octopus ou fluo jaunes Ananas, et je suis paré.
Si vous êtes un rouleur fou et que vous appréciez de ne pêcher qu’avec vos appâts, n’allez pas vous risquer avec une pseudo nouvelle recette. Misez sur une bouille en laquelle vous avez totalement confiance. Je n’aurai qu’un seul conseil : sous dosez vos appâts en arôme et huiles essentielles. Les carpes éduquées savent pertinemment que les appâts délavés sont moins dangereux. C’est pourquoi, en arrivant sur le poste je mets systématiquement 2 ou 3 kilos de bouillettes à tremper dans le plan d’eau. Je renouvelle chaque jour cette opération et j’utilise ces billes pour le rappel ou l’eschage.
Les farines quant à elles m’ont offertes des sessions mémorables en toute saison. Collantes, et enrichies avec des pellets ou des bouillettes écrasées je les expédie sous formes de boules avec ma canne surf pour créer un tapis super attractif et volatile sur le fond. Sur des plans d’eau sur péchés qui ne connaissent que bouillettes, pellet, ou graines, cela rend les carpes littéralement folles. C’est un bon moyen pour accoutumer plus rapidement le poisson sur un type d’appât. Peu de carpistes tentent l’expérience sur une semaine. Ils ont tord.
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