Ce système de balayage latéral avec représentation 3D est désormais installé sur les modèles haut de gamme de la marque américaine Humminbird, et couplé avec un GPS (indispensable comme nous allons le voir). Même s'il est un peu déroutant et nécessite un apprentissage plus long que pour un simple sondeur, je pense qu'il s'agit d'une innovation spectaculaire en matière de lecture des fonds subaquatiques.
En effet, ces dernières années les fabricants ont fait considérablement évoluer leurs composants, mais il ne s'agissait que de perfectionnement de systèmes existants. Le
Side Imaging est quant à lui un procédé nouveau, ou plus exactement il est l'aboutissement enfin convaincant des recherches qu'Humminbird mène depuis longtemps en matière de sondage à multi-faisceaux non-concentriques.
L'intérêt de ce système est qu'il permet de balayer très loin sur les côtés avec une représentation du relief à l'écran qui s'affranchit de la fameuse zone d'ombre, principal facteur limitant des systèmes de sondage classique. C'est purement un système de repérage et d'identification des structures à distance, ce qui le rapproche plus du sonar que du sondeur.
En clair, on peut désormais prospecter rapidement une large zone de chaque côté du bateau, se faire une idée de la pente, de la présence d'obstacles distants de plusieurs dizaines de mètre, et même "lire" le trajet sinueux d'un lit de rivière noyée sous 15 mètres d'eau.
On peut également détecter à distance des poissons ou bancs de poissons suspendus, sans toutefois atteindre le degré de précision d'un sondeur classique pour les détails fins.
Les appareils dotés de ce système offrent plusieurs fonctionnalités : sondeur classique (sondage vertical couleur mono ou multi-fréquence, très performant sur le modèle que j'ai testé : 797 C2), GPS, sondage latéral (
Side Imaging). On peut donc utiliser ces fonctions à tour de rôle ou simultanément selon les besoins, et nous allons voir qu'elles sont complémentaires et étroitement liées.
Le Side Imaging : le principeLe principe est le suivant : deux faisceaux latéraux balaient sur les côtés, avec une portée théorique de 110 m chacun. Contrairement aux faisceaux classiques qui sont coniques, ceux-là sont très minces dans leur dimension horizontale, mais très large dans leur dimension verticale. Ils se comportent donc un peu comme des rideaux acoustiques que l'on promènerait à angle droit de chaque côté du bateau.
Pour obtenir une bonne image latérale il importe que le bateau se déplace constamment à vitesse soutenue (2 à 6 km/h), et de préférence en ligne droite pour éviter les distorsions.
Les échos de forte intensité s'affichent en clair, ceux d'intensité moyenne en ton neutre, et ceux de faible intensité en foncé. Les fonds qui remontent, les fonds durs, les objets bien séparés du fond renvoient des échos plus forts, et s'affichent donc en clair. Les fonds qui descendent ou les fonds mous s'affichent en sombre. De plus, si un obstacle élevé (écho clair) intercepte le faisceau, il crée derrière lui une zone d'ombre qui ne reçoit pas d'ondes et donc n'en renvoie pas, et qui s'affiche en sombre. Cette zone est d'autant plus importante que l'obstacle est important, et ressemble à une ombre portée, comme pourrait en faire un objet soumis à un éclairage rasant.
Voici en gros le principe du
Side Imaging. Dans la pratique, qu'en est-il ?
Side Imaging : la réalitéPremier point : ce système demande un apprentissage, il faut oublier ce que l'on sait sur les sondeurs classiques et leur mode d'affichage. Par exemple, avec un sondeur classique, on s'intéresse surtout à ce qui se passe entre la surface et la ligne du fond, alors qu'avec le
Side Imaging l'important est ce qui se passe en dessous de la ligne de fond. Il faut faire ses réglages d'échelle en conséquence. Par exemple, sur des fonds de 10 mètres, un sondeur sera réglé sur l'échelle 0-12 m, le
Side Imaging sur l'échelle 0-50 m ou plus. C'est normal puisque l'on cherche à savoir ce qu'il y au loin.
Second point : compte tenu des distances balayées, de la définition et taille de l'écran, ce système n'est pas adapté à la détection de micro structures. Un piquet de 20 cm de diamètre passe facilement inaperçu, de même qu'une souche ou un cailloux. En revanche ils se révèle très intéressant pour détecter des ruptures de pente, des changements de nature du fond, des tas de cailloux, des crevasses ou chenaux. Comme je le disais, c'est un outil de reconnaissance ou primo-repérage. En action de pêche proprement dite il ne présente pas d'intérêt particulier, on passe alors en mode sondeur classique.
Troisième point : il est indissociable du GPS. Je m'explique : avec un sondeur classique, si l'on détecte une structure valable, on sait la situer avec précision puisqu'elle est sous le bateau. Il suffit de poser un marqueur ou de prendre des repères pour la retrouver.
Avec le
Side Imaging, une structure intéressante peut se trouver à plusieurs dizaines de mètres du bateau, dans une direction assez imprécise, et le bateau se déplace assez vite. La retrouver risque de prendre beaucoup de temps sans le GPS. Heureusement, il est possible de positionner le curseur à l'endroit qui nous intéresse sur l'écran, de le mémoriser, et de demander au GPS de nous y conduire. Peu importe que le bateau ait parcouru 100 m entre temps : le sondeur mémorise les positions tant qu'elles s'affichent à l'écran. C'est diabolique, car même si la précision ne m'a pas paru éblouissante, cette combine permet de retrouver la structure en question en un minimum de temps. C'est peu de dire que l'on arrête pas le progrès : il y a 10 ans un tel système aurait été impensable, du moins pour une application grand publique (en réalité ce système, en beaucoup plus puissant et perfectionné, est employé en cartographie sous-marine).
Quatrième point : contrairement à un système d'affichage classique, le
Side Imaging représente les deux côtés verticalement (le fond s'affiche de haut en bas sur l'écran). Autrement dit, la définition dépend du nombre de pixels horizontaux et non verticaux. Si l'on considère que l'on sonde à des distances importantes (jusqu'à 220 m en tout) avec par conséquent des échelles élevées, ce système est très gourmand en pixels, et un petit écran est un handicap.
On peut contourner ce problème en choisissant de n'afficher qu'un seul côté, ce qui multiplie la définition par deux.
Explication par l'imageCette photo montre deux structures distinctes sur un plage. Les flèches indiquent les trajets parcourus par le bateau avec affichage de la sonde gauche Side Imaging : flèche rouge = amas de roches, flèche jaune = cassure parallèle à la berge.
Cette seconde photo montre une autre vue de la même cassure.
La cassure détectée par le Side Imaging.L'amas de roche détecté par le Side ImagingL'amas de roche a été marqué au GPS avec le curseur (waypoint 006). On passe alors en mode combiné GPS/sondeur afin de retrouver la structure. Le bateau se dirige sur le waypoint.
Le bateau arrive sur le point GPS mémorisé. Le tas de cailloux s'affiche sur l'écran sondeur, qui signale la présence de poissons. Quel avenir ?On manque encore trop de recul pour se prononcer sur l'avenir du
Side Imaging et sur toutes les possibilités qu'il nous apporte, mais puisqu'il fonctionne correctement et qu'il représente une avancée indéniable, je pense que dans les années à venir il devrait connaître un succès certain, du moins auprès des plus passionnés étant donné son prix.
Il est probable que le pêcheur lamda attendra que les prix baissent ou que le système soit implémenté sur des machines milieu de gamme avant de s'y mettre. Toutefois, l'option GPS et un écran haute-définition (notamment horizontale) étant quasi indispensable, il est peu probable qu'on trouve le
Side Imaging sur des sondeurs d'entrée de gamme.
Il y a et aura beaucoup à dire sur la façon d'exploiter cette nouvelle technologie, et dans les mois qui viennent j'essaierai de mettre régulièrement en ligne de nouvelles saisies d'écran et vidéos assorties de commentaires, au fur et à mesure que ma propre expérience s'enrichira.
source
Sam 6 Déc 2008 - 23:21 par Invité