ROULEZ
LES CARPES DANS LA FARINE ! La grande majorité des carpistes performants que je
connais ont tous comme moi démarré leur cursus de pêcheurs très jeunes en
passant par toutes les étapes qui constituent les différentes techniques de
pêche. Nombre d’entre eux sont passé par la pêche au coup ou à l’anglaise et
par l’emploi des farines pour amorcer. A maintes reprises, nous avons ragé sur
des casses phénoménales de carpes avec du matériel peu enclin à supporter la
puissance de ces dernières. Seule certitude : l’immense intérêt que
portait notre poisson fétiche d’aujourd’hui sur les particules.Avec l’apparition des appâts modernes et leurs qualités
sélectives, pêcher la carpe avec toute notre artillerie a mis les farines au
tiroir. Certains osent quand même en tirer profit en hiver ou sur des
présentation en assiette à l’aide de method feeder. Il reste néanmoins des
irréductibles, et j’en fais partie. En ce qui me concerne, je n’hésite pas à
m’en servir à la belle saison de manière récurrente et très massivement, avec
des résultats, qui, sur des eaux très pêchées donnent un coup de fouet très
significatif en matière de rendement et cela m’autorise même la prise de beaux
spécimens.Voyons en détails mes arguments et mon approche pour bien
exploiter ces amorces. Afin d’illustrer en photos mes dires et pour me mettre
dans le bain, je me suis autorisé une petite session de 36 heures sur une
gravière très fréquentée, comme toutes celles de ma région d’ailleurs…Où et pourquoi la
farine ? Au risque de me répéter, les
farines sont tombées en désuétude au profit des bouillettes, pellets et autres
graines au fil des effets de mode. Comme tout appât délaissé ou peu utilisé,
sur moyen ou long terme, ce dernier regagne en attractivité auprès des carpes,
et avec le temps, elles ne s’en méfient plus. Pour moi, être parmi les quelques
carpistes à les utiliser constitue une alternative intéressante contre la
pression de pêche. Rien que pour cela elles méritent déjà un gros intérêt.
Par ailleurs, le coût des
amorçages reste raisonnable et aujourd’hui cela n’est pas négligeable.
Bien sur, il faut rester
réaliste et être conscient que toutes les eaux ne se prêtent pas aux amorçages
à la farine si l’on veut conserver des résultats intéressants en matière de
moyenne de poids.
Nous débattons dans le cadre
d’une session d’au moins 36 heures à 1 semaine et avec le recul, il y a des
endroits ou je ne renouvellerai pas
l’expérience d’amorçages massifs.
La rivière est à bannir
compte tenu de la diversité des espèces non désirées et des structures
généralement pyramidale des populations de carpes. Le courant est un facteur
qui a toujours eu tendance à anéantir mes approches dans le sens ou il décalait
franchement le poisson très très loin vers l’aval. En plan d’eau, ce paramètre
n’existe pas, bien que des légers courants de fonds soient capables de porter
des particules relativement loin du coup principal et c’est tant mieux car un
chemin se trace naturellement pour les poissons.
Le poste type pour moi, qu’il soit en étang ou
en gravière, doit répondre à certains critères qui vont grandement limiter mon
choix. Premièrement, des fonds durs sont préférables. En effet je veux être
certain de l’attractivité de mon tapis d’amorce sans me poser la question de
savoir si mes boules de farines ne seront pas ensevelies sous une épaisse
couche de vase dont la composition, l’acidité ou la densité peuvent gêner
l’activité alimentaire des carpes. Un passage au marqueur sondeur au préalable
est donc indispensable.
Puisque que l’on parle de
sonder, je préfère des profondeurs moyennes n’excédant pas 2 ou 3 mètres pour
éviter des décalages de température significatifs entre les différentes couches
d’eau qui bloqueraient les carpes dans des niveaux supérieurs.
Pour terminer je ne reconduis jamais 2 fois
l’expérience sur des plans d’eau où comme en rivière, les petites carpes sont
majoritaires. Si enchaîner les runs est très ludique, l’objectif est quand même
de prendre du gros poisson et tendre vers un spécimen.
Quant aux sites bourrés de
poissons-chats, ils sont à proscrire.
L’impact des farines sur
le comportement des carpes. Tout d’abord, il est clair
que la farine intéresse tous les cyprinidés. Expédier 30 ou 40 kilos d’amorce
sur un coup va nécessairement attirer toute la blanchaille du coin mais également
et sûrement les carpes. Elles adorent se nourrir de petites particules, cela
représente d'ailleurs une part majeure de leur alimentation naturelle. Mettre
dame carpe en compétition avec gardons, brèmes, et autres tanches, c’est
s’assurer des moments de pure frénésie alimentaire dans cette sorte de soupe
providentielle qui finalement ne gavera que les individus tout en bas de
l’échelle des tailles.
Il existe une hiérarchie certaine entre les
espèces de poissons. La carpe est dominante, et pour rendre cet état de fait
incontestable elle est prête à prendre
possession d’une manne de nourriture même dans des périodes ou elle ne serait
pas très encline à s’alimenter, et cela juste pour ne pas en laisser aux autres
espèces. Quand aux périodes de forte alimentation, c’est au sein même des
carpes que la compétition se joue. « Y en aura-t-il pour tout le
monde ? » doivent- elles se demander.
Le caractère grégaire de nos copines s’oriente
alors vers le chacun pour soi.
D’une bonne stratégie
d’amorçage et de rappel dépendra la
bonne exploitation de ces comportements.
Un amorçage de
préparation. Un pré-amorcage est toujours souhaitable dans la
mesure ou vous pouvez avoir la certitude que personne ne vous piquera la place.
Je l’effectue en deux temps
la veille de pêcher. Une fois le matin et la deuxième en milieu d’après midi.
Je le mets en place sur deux
zones bien distinctes et séparées d’au moins trente mètres, avec si possible
l’une d’entre elle à mi distance avec la seconde mais toujours désaxée, pour
que les bannières des montages pêchant le plus loin ne traversent pas le spot
le plus proche. Chaque zone se verra attribuer une recette d’amorce différente
pour envisager de toucher un panel de carpe plus large.
Une trentaine de boules
lancées à l’aide d’une canne surf casting sur chaque zone et par amorçage est
un bon départ.
Deux recettes valent mieux
qu’une… Les farines ont des vertus
mécaniques et nutritives très variées. Les connaître permet de jouer sur
l’effet plus ou moins gavant et plus ou
moins dispersant. Mon objectif est de gaver le poisson fourrage et qu’il y ai
encore de quoi faire circuler longuement les carpes sur le coup. Pour cela il
est aussi important d’incorporer des esches plus consistantes dans vos boules
d’amorce.
Pour ce qui nous
concerne : des pellets dans une amorce à caractère carnée, et des
bouillettes banane coupées dans une amorce céréalière. Cela accélère leur
acceptation par les carpes et nécessite un certain pouvoir collant de vos
préparations pour expédier vos boulets sans qu’ils n’éclatent en plein vol
Recette
carnée pour 10 kilos : 3
kilos de farine poissons blancs
3 kilos TTX de mais fin 2 kilos de
micro pellet alevin N°3
1 kilo de coprah nature
1 kilo de pellet 15mm extrudés
mouillage avec de l’eau
Recette
végétale pour 10 kilos : 3 kilos
de chapelure blonde
1 kilo de TTX gros de mais
1 kilos de farine de mais
1 kilo de
farine de soja
1 kilo de chènevis moulu grillé
2 kilos de coprah nature
1 kilo de bouilletteS banane coupées en deux
mouillage avec de l’eau. Vous remarquerez la présence
de farine de coprah dans ces compositions. Cet ingrédient a la fabuleuse
faculté de faire éclater vos boules sur le fond et est capable de disperser les
particules les plus collantes.
Votre tapis d’amorce n’en
sera que plus efficace, car mieux étalé.
L’action de pêche. Le premier jour de la
session, je réamorce de la même manière que la veille les deux zones
préalablement préparées. Mais les jours qui suivront, le rappel sera géré selon
un certain protocole que j’ai adopté parce que cela optimisait mes rendements.
Je suis totalement contre les amorçages à
heures fixes. Je pense qu’ils sont restrictifs car ils ont tendance à ne
satisfaire que les bancs de carpes qui passent dans ces créneaux horaires. Or,
il est impératif qu’il y ai en permanence un minima encore conséquent de
nourriture sur le fond pour intercepter tous les bancs passant au fil de la
journée. D’autant plus si les indésirables se relaient pour prendre pitance de
manière continue.
Les volumes journaliers
d’amorce restent cependant identiques. Je propulserai donc mes boules de rappel
en cassant le rythme et les quantités. L’imprécision somme toute relative ne me
dérange pas, bien au contraire, car plus les carpes se déplaceront sur mes
coups, plus elles brûleront de l’énergie et plus elles s’attarderont à
rechercher des esches plus conséquentes. En l’occurrence, les pellets et les
bouillettes.
Soyez attentifs sur les
répercussions du bruit occasionné par le rappel. Sur certains plans d’eau cela
renforcera la frénésie des carpes. Sur d’autres, les touches s’arrêteront le
temps que d’autres carpes n’arrivent. Avec l’habitude, on trouve inévitablement
le bon compromis.
Une autre règle très rentable
est de stopper tout rappel avant le couché du soleil et de laisser reposer tout
ce charmant petit monde. C’est la nuit que les plus belles surprises se sont
toujours produites. Comme par principe, les thons viennent terminer les restes
lorsque les poissons les plus modestes ont quitté la place, et ou quand ils ne
s’y arrêtent plus. Rendement le jour, specimen hunting la nuit.
Trouver l’équilibre. Pour ce qui est des
présentations d’appâts, j’ai obtenu mes meilleurs résultats avec des esches
équilibrées ou légèrement décollées du fond. Je crois que la mobilité de ces
dernières est essentielle et contribue largement à leur attractivité dans un
bouillon de particules. J’abuse donc volontiers du liège, de mousse et des pop
up de petit diamètre. Rallonger les bas de ligne à 35 ou 40 cm est préconisé,
le poisson ayant tendance à se déplacer relativement vite pendant qu’il
s’alimente. Je suis persuadé que le nombre de touches est tiré vers le haut.
Les fonds choisis étant durs, ma préférence va au montage in line de 120
grammes minimum.
36 heures, le bilan… Ma petite sortie s’est
finalement bien déroulée avec 27 poissons au total.Je n’ai touché que 3
poissons pendant la nuit, mais comme je m’y attendais, ce furent les trois plus
lourd de cette session de pêche à la farine. A contrario, je m’attendais à ce
que ces derniers se piquent sur l’amorce carnée. Je fis erreur.Pas de monstre, mais une
17,5 kilos quand même. Sachant que les plus gros poissons ne dépassent pas 20
kilos sur cette gravière, je ne fus pas mécontent. Je repartirai avec 2 beaux
souvenirs en poche :Une petite linéaire
particulièrement atypique et un triplé quasi simultané de départs gérés dans
une totale panique. S’il vous prend l’envie de
tenter l’expérience sur une session plus longue, il y a fort à parier que vous
rentrerez la gueule un peu enfarinée…
finalement, les carpistes sont vraiment tous des cons, et moi le premier!
Mar 17 Fév 2009 - 22:30 par blakbas68