Originaire de la Région Centre et étant arrivé en Alsace il y a 4 ans, je vous propose de découvrir une destination de pêche peu connue… la Loire. Enfin restons modeste, je ne vais pas vous présenter l’ensemble de ce fleuve sauvage et magnifique mais seulement la partie sur laquelle j’ai eu l’occasion de pêcher pendant une dizaine d’années entre Château-neuf sur Loire, Orléans et Blois. Alors bienvenue en terres ligériennes…
La Loire en aval de Blois(41)Au niveau réglementaire, la pêche de nuit est autorisée sur l’ensemble de la Loire dans le département du Loiret (merci les frères Mahin !!!) et sur quelques portions restreintes dans le Loir-et-Cher. La Loire s’étire sur presque 100km dans ces deux départements de la Région Centre. Sur cette zone, sa largeur varie d’environ 100m à plus de 500m et comme partout ailleurs, de nombreuses îles sont posées ça et là. Ce fleuve n’est pas canalisé et ne comporte aucune retenue d’eau sur l’ensemble de son cours. Du coup il n’est pas navigable. Certaines zones sont très larges avec des fonds ne dépassant pas 1m et de nombreux bancs de sable… Cette particularité de la Loire m’a permis de constater une règle simple : là où il y a de l’eau (j’entends par là plus de deux mètres de fond) il y a du poisson…
La pêche de nuit est ouverte sur toute la longueur de la Loire dans le département du loiret (45). Il serait dommage de ne pas en profiter !Je me dois ici de faire une petite parenthèse sur les aspects culturels de cette Région car il serait dommage de faire une session sur la Loire sans prendre le temps de visiter quelques châteaux ou encore un ou deux vignobles.
Pour les amoureux des vieilles pierres, vous serez ravis : Chambord, Chenonceau, Amboise, Cheverny, Azay-le-rideau… aux alentours de Blois, vous ne ferrez pas 15km sans croiser un somptueux château. Je vous conseille particulièrement une nuit dans la petite auberge au cœur du parc de Chambord qui propose des menus excellents dans un cadre « veille France », avec vue sur le château de Chambord, le tout à un tarif tout à fait raisonnable.
De passage en Région Centre prenez un peu de temps pour visiter les châteaux comme ici le château de Chenonceau qui enjambe le Cher (à environ 40km de Blois)Côté vignoble, il faudra descendre un peu en dessous de Blois en direction de Tours pour trouver Montlouis sur Loire (où il y a aussi un fantastique aquarium et des caves troglodytes creusées dans les falaises de calcaire), Vouvray puis un peu plus loin Chinon, Saint-Nicolas de Bourgueil… j’en ai encore les papilles qui frétilles !!
Je termine cette parenthèse culturelle en revenant sur la pêche car sachez que si vous venez sur les rives de Loire à proximité d’Orléans, vous serez au pays de Maurice Genevoix. Pour vous mettre dans l’ambiance, prenez donc le temps de lire ou relire Raboliot, Rémi des rauches ou encore la Boîte à pêche… des ouvrages incontournables qui respirent la pêche et qui me procure à chaque lecture une émotion indescriptible.
Pour vous plonger dans "l'esprit de la Loire" je ne saurais trop vous conseiller la lecture de Rémi de rauches de Maurice Genevoix... Voilà, alors maintenant, canne dans le coffre, où se poser ? Comme dit plus haut, il suffit de « trouver l’eau ». Les avals des très nombreuses îles (souvent assez vastes et boisées) sont également des postes de choix. Très souvent, les fonds les plus intéressants se trouvent dans les grands virages où le courant puissant a chassé le sable et creusé la rive où il vient se frotter. Vous trouverez ce type de site à environ 20km d’Orléans un peu au dessus de Chécy ou encore près de Jargeau sur un lieu dit très connu nommé « la Muraille ». Au cœur même d’Orléans, au-delà des classiques piles de ponts, vous avez quelques trous à proximité des ponts qui sont le résultat des bombardements ayant eu lieux sur la ville pendant la guerre… il faudra chercher un peu pour les trouver mais de belles surprises vous y attendent.
Un jolie commune sauvage prise à proximité de Blois au printempsSi je passe en Loir-et-Cher, j’ai eu l’occasion de pêcher régulièrement trois sites avec succès. Les environs d’Avaray qui se trouve en face de la centrale nucléaire de Saint Laurent des Eaux (le cadre laisse donc un peu à désirer mais on y trouve de beaux poissons), la Loire à la Chaussée Saint Victor (avec le Château de Mesnard en décor ;-) et le lac de Loire à Blois. Pour ce dernier site, un lac était formé sur la Loire chaque année en relevant un barrage mobile mais pour des raisons écologiques, ce barrage n’est plus mis en place depuis 5 ans. Le site reste toutefois intéressant car il y a quelques trous bien productifs.
Voici une carpe typique de Loire taillée pour le courant... Oooooh la grosse caudale bien puissante. Départ et combat inoubliable garanti !!!Ayant parlé des lieux et du type de poste, passons maintenant au cheptel et à la technique. Côté poisson, vous vous trouverez face à une rivière assez classique avec une population de carpes de structure pyramidale. La densité de carpe de 6kg à 10kg est forte, en pêchant les bons sites vous toucherez régulièrement des poissons entre 10kg et 15kg. Par contre, les poissons de plus de 15kg sont assez exceptionnels. J’en ai pour ma part touché 5 sur l’ensemble de mes pêches en Loire. Cette question du poids n’a jamais été pour moi un problème car les carpes de 8kg à 12kg, souvent des communes sauvages, m’ont offert des combats mémorables qu’une carpe bien plus lourde est incapable de produire en plan d’eau.
J'ai souvent fait de belle pêche quand la Loire "mousse", signe de montée des eaux. Par contre la pêche y est souvent difficile à cause des débris charriés par les eaux
Pour les montages, il faut donc prévoir lourd et solide pour faire face à la fois à la puissance des poissons et au courant. Nylon de 35/100 minimum sur les moulinets. Ensuite si vous pêchez des zones propres (bancs de sable…) et pas trop exposées au courant (comme c’est le cas par exemple souvent dans l’intérieur des virages) des bas de ligne en tresse, même fine, peuvent convenir avec des plombs de 150g. En revanche, pour pêche là ou « ça cours », bas de ligne en tresse anti-abrasion (type quicksilver) et pierre de 400g ou 500g sur brin cassant en guise de plomb sont indispensables (j’écrirai prochainement sur ma technique pour pêcher avec ce type de leste).
On y croise aussi quelques amours blancs...Pour l’amorçage, les campagnes d’amorçage à long terme ne m’ont jamais apporté un véritable plus sur cette rivière. La démarche optimum que j’ai pu repéré est d’amorcer sur une semaine chaque jour sauf la veille de la pêche. Quoi y mettre ? Les dernières années, j’étais à 100% bouillettes de diamètre 24 et malgré cela, il m’arrivait à chaque fois de prendre de nombreuses brèmes mais surtout des chevesnes contre lesquels pas grand-chose ne peut être fait. En fait, avec le recul je me dis qu’on peu aussi amorcer à la graine car de toute façon, quand un banc de chevesnes est là, vos trois cannes y passeront et très souvent, une fois le banc parti, suivent les carpes… Juste pour info, ma plus belle prise en Loire est une carpe miroir de 17,2kg prise à la……. noix tigrée juste une demi-heure après un superbe triplé de chevesnes (d’un poids de 2 à 4 kg).
Un poste en amont de Blois avec des bancs de sable typiquesUn dernier point technique concerne les périodes de pêche. En été, la pêche est un peu plus facile car le courant est beaucoup plus faible et on est même surpris de voir à certains endroits la largeur du fleuve réduite à moins de 100m. La fin de l’été et le début de l’autonome permettent souvent de toucher des beaux poissons mais la pêche est plus compliquée car de nombreux débris sont charriés par les eaux sombres et agitées. J’ai également souvent fait de très bonnes pêches tout au long du moi de mai. En hiver, je n’ai jamais vraiment essayé d’y tremper mes fils et je ne peux donc rien vous dire sur cette période.
Une petite crue de la Loire en hiver...Voilà, voilà, j’espère que ces quelques lignes vous aurons donné l’envie d’aller visiter cette belle Région et de découvrir le dernier grand fleuve sauvage de France. Vous y passerez à coup sûr un séjour riche de découvertes aussi bien au contact de la nature que du patrimoine exceptionnel que nous ont légué les rois de France.