COMPLEXE
DE DIP…
Bien
des chapitres ont été consacrés à l’utilité et l’efficacité des dizaines de
liquides de trempages, dips et autres boosters que l’on trouve sur les
étalages. Il faut du temps pour se forger une opinion bien arrêtée sur le
sujet. L’expérience des années au bord de l’eau m’a permis de faire un certain
tri, de tirer un trait définitif sur certains produits et pratiques.
Aujourd’hui, c’est davantage l’approche stratégique qui m’ordonne d’user de
cette possibilité ou non. Il est important de ne pas tomber dans un
systématisme qui reflète bien souvent un certain complexe face à la qualité de
ses appâts.
Diper
pour doper ou pour duper ?
L’objectif
est simple, rendre une esche plus prenante, plus attractive, plus localisable
par une carpe. On peut jouer sur la diffusion plus importante de l’appât, lui
donner une touche supplémentaire en matière de goût, et à mon sens, là est bien
l’essentiel.
Apprenons
à ne plus croire qu’un appât qui pue sous notre nez, est perçu de la même
manière par un poisson, dont l’appareil olfacto-gustatif est sans rapport avec
le notre. Bien souvent, tremper sa bille est une erreur qui retardera la touche
sur une cible qui, dès le départ, ne serait devenue prenante qu’après s’être
correctement délavé des attractants qu’elle contenait et ce, sans l’avoir
boosté. Il faut avoir confiance dans les qualités intrasec des composant
originaux qui constituent une boilie ou autre. Le meilleur moyen de s’en rendre
compte, c’est la vitesse bien plus fulgurante d’acceptation et d’accoutumance
des poissons sur des bouillettes maison pauvres en attractants, mais dont les
farines de qualité, associé à un mixe aéré constituent déjà une bombe de
signaux olfactifs. Vouloir systématiquement utiliser une esche boostée, c’est
considéré consciemment ou inconsciemment qu’on utilise des appâts médiocres.
Dans la
majorité des cas, j’emploie un boost pour duper un poisson. Je mise sur sa
curiosité, sollicitée par une source puissante de stimulateurs qui ne sont pas
toujours en rapport avec sa faim. Un réflexe généré et un bon montage suffisent
à piquer une carpe.
Bien
souvent, elle ne tente pas deux fois l’expérience.
Booster
quand il le faut !
La pêche
en single est pour ainsi dire l’unique raison qui me pousse à escher un appât
boosté. Surprendre un poisson en maraude avec un signal qui claque et qui
l’attirera de plus loin. Mais je calme le jeu de suite, n’imaginez pas, et ce
quelque soit le trempage que vous utilisez, qu’une carpe qui passe à 2 mètres
de votre montage détournera tout à coup son chemin. Le périmètre d’interception
reste restreint, mais quelques décimètres de plus feront souvent la différence.
Le placement de la ligne demeure primordial, et une tenue ou un passage de
carpes notoire reste la clef du succès.
Le
deuxième exemple est relatif aux eaux très froides, qui imposent des conditions
de diffusion quasi nulles. Un appât boosté permettra de compenser un peu la
difficile localisation de votre appât. Mais encore une fois, vous ne donnerez
pas faim à une carpe qui n’a pas envie de s’alimenter.
Tremper,
mais ne pas se tromper !
Comment,
combien de temps tremper une esche. L’idée de répondre me fait sourire. Je ne
crois pas aux applications de quelques minutes à quelques heures, encore moins
aux applications instantanées. L’impact d’un montage à la surface de l’eau
nettoie la quasi-totalité des produits utilisés de la sorte, ou avec un peu de
chance l’esche diffusera quelques minutes sur le fond. Bien évidemment, obtenir
un run de suite après une telle démarche devrait rassurer quant à l’efficacité
de la démarche. Et bien non, j’en suis certain, que votre dip n’est pas tenu
sur votre appât est justement le gage de votre réussite, ce dernier ayant pu
travailler sur ses propres qualités.
Donc,
lorsque je veux marquer correctement un appât, je le trempe très longtemps, au
moins 72h, et uniquement des billes relativement très sèches et qui absorberont
plus ou moins mieux. Veillez à choisir une bille avec une structure très aérée,
l’imperméabilité de certaines esches est trop importante pour que quoique ce
soit y pénètre. Au risque de décevoir certains, souvent, une bille présentée
coupée diffusera davantage qu’une entière sur laquelle on rajoutera un produit
X.
D'ailleurs,
lorsque je coupe en deux une de mes billes qui trempe depuis plusieurs jours,
je ne me surprend plus à constater que seule une fine pellicule de surface
s’est correctement imprégnée. De toute façon je considère qu’une esche
correctement trempée, n’est plus qu’un simple support aux additifs que l’on y
adjoint. Tout ce qui faisait ces caractéristiques originelles est anéanti et
n’a que peu d’importance.
L’idéal,
pour ceux qui roulent leurs billes, c’est de toujours anticiper un certain
volume de mixe dans lequel les dosages en arôme et attractants seront
volontairement relevés. Là, plus besoin de dip, votre esche est boostée à cœur
et vous ne changerez rien à la signature de départ. Ensuite à vous de juger de
l’opportunité de les utiliser ou non.
Choisir
un produit, la vraie difficulté.
Je ne
peux être juge du pouvoir stimulant de tous les produits existant sur le
marché. Leur contenu (la plupart du temps non signifié) est sans nul doute de
qualité pour la majorité d’entre eux, mais j’estime que beaucoup sont propres à
des utilisations bien particulières qui ne sont pas en rapport avec l’effet
voulu. En trempage direct, la répulsion est évidente.
Ce que
vous avez lu plus haut induit d’ors et déjà des critères de sélection. D’un
point de vue mécanique, je me rapprocherai davantage de produits constitués sur
une base très aqueuse (à base d’eau). C’est un impératif pour optimiser la
pénétration, quitte à les couper moi-même avec une proportion d’eau. Je banni
donc les substances peu ou très huileuses et les réserve pour des utilisations
combinées à des farines, ou micro pellets, ou pour la confection de stick
solubles.
Une simple association eau+arôme sur base
éthylique+sucrant est déjà détonnant. J’aime également m’orienter vers des
composants en poudre solubles à l’eau, stimulateurs d’appétit, ou rehausseur de
goût. Le goût, qui doit rester une priorité, car c’est pour moi le point
déterminant qui fait la différence entre 2 dips. Le sucre, le sel, le glutamate
de sodium sont simples à trouver, peu chers et efficaces.
Les
notions de sucré, salé, sont des données si prépondérantes pour moi, qu’il n’y
avait qu’un pas à franchir face à la diversité pour en arriver à fabriquer
moi-même des trempages, plutôt que de jouer à l’analyste/chimiste.
Et en terme de détection, j’adhère à
l’efficacité des acides aminés comme déclencheurs de réflexe alimentaire (sur
des carpes physiologiquement enclin à se nourrir, bien sur !), je les
utilise sans hésiter. Mes trempages de pellets dans du tubifex écrasé (vers de
vase) ont trop souvent fait la différence. Il en va de même avec la betaine.
Il est ardu de préconiser quelque dosage que
ce soit en matière d’acides aminés, mais je vais systématiquement vers le moins
possible. Quand on ne sait pas, on ne se risque pas. Bien souvent ses produits
engendrent les rêves les plus fous dans l’esprit des carpistes,
personnellement, je ne m’engagerai que sur le petit plus en matière gustative.
Une petite note se rapprochant des stimulis engendrés par certains éléments de
la nourriture naturelle des poissons.
finalement, les carpistes sont vraiment tous des cons, et moi le premier!