D’année en année, le pêcheur retourne systématiquement là où il a connu le succès, mais les choses changent ! Maintenant, il est temps d’aller voir ailleurs… Certains partent à l’étranger, d’autres prospectent tout simplement des postes différents…
Le matériel est de plus en plus performant. Les leurres sont de plus en plus sophistiqués. Le niveau technique des pêcheurs ne cesse de progresser. Pourtant, ils se plaignent du nombre de prises qui diminue. Auraient-ils pris du retard sur la connaissance des poissons, leur mode de vie, leur déplacements ? Il est peut-être temps qu’ils aiguisent un peu plus leur sens de l’eau !
Il y a encore quelques années, les carnassiers étaient suffisamment nombreux pour que le pêcheur réalise de belles pêches sans trop d’efforts. Utiliser un nouveau leurre, une nouvelle technique était la garantie de prises faciles et régulières, tout en s’installant sur les postes archi-connus.
L’homme est ainsi fait que les habitudes s’installent… Les carnassiers quant à eux, fuient leurs prédateurs et s’éloignent de plus en plus des attroupements de pêcheurs. Ils doivent surtout s’adapter au fil des saisons, à la température de l’eau, à la force du courant, aux déplacements du poisson fourrage… mais aussi à la pression de pêche ! Sortir des sentiers battus est dans la pêche comme dans la vie hasardeux, mais réserve bien souvent de belles surprises !
Les virages en rivière La particularité des rivières et des fleuves est la présence de courant irrégulier, tantôt fort voire violent, tantôt faible. C’est lui qui influe directement sur la tenue des poissons. Le meilleur exemple se situe dans les virages. La berge située à l’extérieur subit l’érosion ce qui implique que les postes les plus profonds sont de ce côté là. A l’opposé, l’intérieur du virage est le secteur où se déposent les alluvions arrachés aux berges en amont.
Trois zones différentes se distinguent. La rive à l’intérieur du virage est peu profonde. La présence d’alluvions favorise les développement d’herbes aquatiques, roseaux, nénuphars… C’est là que les brochets, loin du courant violent, sont installés à l’affût.
Sur la rive d’en face, la berge est creuse et les perches colonisent le moindre refuge. Des galeries plus au moins profondes, les racines des arbres surplombants, toute anfractuosité est occupée.
Quant aux sandres, c’est également là où le courant est le plus fort et la profondeur la plus importante qu’ils s’installent.
Les silures eux, se déplacent plusieurs fois par jour entre la zone profonde de repos et la rive à l’intérieur du virage peu profonde où ils vont chasser.
Les plages en sablière En étang, sablière et toute autre petite pièce d’eau, les carnassiers changent fréquemment de poste en fonction des saisons. En été, la forte montée de la température de l’eau les oblige à un régime alimentaire strict. Par contre, les jours qui raccourcissent, le soleil plus bas dans le ciel et la fraîcheur des nuits rendent en automne ces types d’eau très intéressants.
Le refroidissement des eaux commencent par la surface. C’est dans ces zones peu profondes et tout particulièrement sur les plages, que les alevins de l’année en profitent pour s’alimenter avant l’hiver.
Les brochets s’installent provisoirement dans le premier profond aux abords des obstacles. Non loin de la plage, ils guettent le fretin.
Sandres et perches quant à eux, passent le plus clair de leur temps dans les profondeurs. Ils consomment de moins en moins d’écrevisses et s’intéressent davantage, eux aussi, aux alevins de l’année. En groupe, ils mènent des opérations commandos et les uns comme les autres, encerclent des bancs entiers de petits poissons qu’ils repoussent jusque sur le sable !
Les hauts-fonds en lacLes hauts-fonds se pêchent le plus facilement en barque et sont reconnaissables par la différence de couleur de l’eau. Ceux qui nous intéressent, se situent à proximité de grandes profondeurs, de l’ordre de 15 à 20 m.
Le sommet de cette colline, plus proche de la surface donc plus proche de la lumière, est en générale recouvert de végétation permettant aux brochets d’y attendre patiemment les bancs de poissons.
Les perches quant à elles jouent l’ascenseur en fonction de l’ensoleillement. Elles montent ou descendent plusieurs fois par jour. C’est entre 10 m et la surface qu’il faut les chercher.
Mais ce sont surtout les sandres qui ont une attitude assez inhabituelle pour l’espèce. Leur zone de repos se situe entre 15 et 20 m de profondeur, au pied des hauts-fonds. Mais leur zone de chasse se trouve, elle, entre deux eaux, entre 10 m et la surface. Lorsqu’un banc de petits poissons se retrouvent encerclés au milieu de nulle part, impossible pour eux de se cacher ! Difficile de fuir dans l’immensité ! Les sandres savent exploiter ce phénomène...
Les paliers en canal
Les canaux sont très bien peuplés en carnassiers mais les habitudes et les a priori font qu’ils sont peu pêchés. C’est vrai qu’il faut un gros moral pour attaquer une ligne droite de plusieurs kilomètres. Car quoi de plus régulier qu’un canal ?!
Régulier ne veut pas dire exempt de postes. Au contraire, dans ce type d’eau, plus qu’ailleurs les carnassiers se sont répartis des zones précises. Sur les bords, la végétation aquatique est l’habitat préféré des brochets. La première cassure est le lieu de prédilection des perches tandis que le profond au milieu appartient aux sandres.
Les carnassiers se partagent les différents paliers et le pêcheur doit, en fonction du lieu qu’il prospecte en tenir compte. Il est tout à fait possible de partir pêcher le brochet en se limitant à la simple prospection des bordures. Ou à l’opposé, d’avoir lors d’un même lancer un enchaînement de trois actions différentes : proche du fond au début, très saccadée par la suite pour finir complètement planante sur le bord.
Pour réussir en canal, il convient de connaître ces paliers, mais il est surtout primordial d’y croire et d’avoir un moral à toute épreuve !